14 juin 2003

                                                                 TELEX                                                                 

BOXE - La lettre de Boggia.
   Giovanni Boggia, l'entraîneur de Bouziane Oudji, qui avait été battu aux points par le Marseillais Youssouf Djibaba le 30 mai dernier pour la conquête du titre national des super-plume, a officiellement déposé sa réclamation. Celle-ci porte sur plusieurs points selon la lettre envoyée par Boggia  à Humbert Furgoni, président de la Fédération française, André Semelin, responsable des professionnels et André Martin, président de la ligue de Picardie.
« Les hommes de coin de Djibaba ont passé la moitié du temps accoudés sur le ring en lançant des consignes et en invitant Oudji à venir se battre. Avec gravité, j'affirme que les coups de tête ont été donnés volontairement avec l'intention de blesser. Pendant toute la durée du combat, Djibaba a retenu Oudji de manière totalement irrégulière. Djibaba a fait action de pousser avec le poids du corps, ce qui est rigoureusement interdit » a notamment notifié Boggia.
À suivre...



1er juin 2003

              BOXE  CHAMPIONNAT DE FRANCE DES SUPER PLUME (OUDJI-DJIBABA)               Bouziane Oudji n'a rien pu faire
Bouziane Oudji a été battu aux points vendredi soir à Pont-Sainte-Maxence par le dynamique Youssouf Djibaba (décision unanime 99-93 ; 98-93 ; 99-91), qui conserve son titre national au terme d'un combat entaché par plusieurs irrégularités.

   Comme le 15 décembre 2001, lorsque Bouziane Oudji avait détrôné Youssouf Djibaba, le Marseillais se montre tout de suite actif en imposant un pressing qui empêche l’Amiénois de se servir de son allonge. Il travaille de près et décoche de nombreux crochets qui marquent des points, sous le regard d'Humbert Furgoni, président de la Fédération française est d’environ 300 spectateurs.
   Mais dès la deuxième reprise, Oudji arrive à faire parler sa taille (1m78 contre 1m62) et expédie un crochet droit au menton du champion de France. Sonné, il en encaisse un deuxième dans la foulée. Mais ce sera la seule fois.
   Djibaba revient au corps à corps et donne un premier coup de tête (non sanctionné) à son adversaire qui lui ouvre l'arcade sourcilière droite. Agacé, Oudji réplique en accélérant, ce qui lui permet de placer une série de crochets qui rendent le combat intense. Djibaba reste pourtant le plus productif. De manière bien confuse, mais suffisamment pour que les juges lui donnent à chaque reprise un point supplémentaire.
Djibaba : « La belle, c'est quand il veut et où il veut »
   Au quatrième round, l'élève de Giovanni Boggia touche encore le
« petit Marseillais » un crochet droit. Djibaba réplique d’un deuxième coup de tête. L'enfant d’Etouvie n'a pas été touché une seule fois, mais ses deux arcades sont ouvertes et il est mené à mi-combat par un champion de France plein de vitalité et qui n'hésite pas à s’aider   

photo Olivier BILLARD (CP du 1er juin 2003)

Bouziane Oudji (à gauche) a terminé le combat avec les deux  arcades sourcilières ouvertes. (Photo Olivier BILLARD)

des cordes pour le pousser.
   Furieux, Giovanni Boggia hurle son mécontentement à l'arbitre tandis que son poulain montre des signes d'énervement. Mais rien ne change. Djibaba reste le plus entreprenant, ne cesse d'avancer et d'accroître son avantage au fil des rounds, même s’il tape souvent dans le vide, gêné par la mobilité d'Oudji, qui lui porte encore quelques crochets du droit. Le Provençal gagne nettement la huitième reprise après une série d'uppercuts... et un troisième coup de tête au front.
   Oudji a beaucoup de retard et touche de moins en moins Djibaba qui continue de le marteler de façon toujours aussi confuse dans les deux dernières reprises. C'est sans surprise que les trois juges rendent leur verdict, unanime, à la grande déception d'Oudji.
« J'ai eu du mal à entrer

dans le match, mais après ma première accélération, il m'a mis un coup de tête. Il cherchait à se coller contre moi et il m'en a mis un deuxième. Aucun n'a été sanctionné. Dans de telles conditions, je ne pouvais pas boxer. C'est dur à admettre, car je lui portais les coups les plus nets. Je vais travailler pour la troisième manche, qu’il m’a promise dès la fin du combat ».
   Une troisième manche que confirme Youssouf Djibaba : « C'est quand il veut, où il veut. En 2001, je ne méritais pas de perdre et je lui ai prouvé vendredi. Il est plus grand que moi, mais je suis allé à la guerre pour casser son allonge. Je ne suis pas un grand frappeur, mais un teigneux et je ne lui ai pas donné l'occasion de me boxer ».

Vincent Fouquet    


3 QUESTIONS à Giovanni Boggia (Entraîneur de Bouziane Oudji)

« Je porte des réserves après cet ignoble spectacle »

1 ) Comment analysez vous le combat ?
La boxe, c'est finalement quelque chose de très simple : il suffit d'envoyer deux projectiles, deux poings, sur certaines parties du corps de l'adversaire, sans se servir du sien pour pousser, ou de la tête comme troisième projectile. Mais vendredi soir, tout le monde a pu assister à ce qu'il y a de plus ignoble dans ce sport. Bouziane a donné les coups les plus nets, les plus propres. Mais en face, et durant les dix reprises, Djibaba n'a pas arrêté de pousser avec son corps, de donner des coups de tête, de se tenir aux cordes. Pas une seule fois, l'arbitre n'a empêché ça.
2 ) Allez-vous porter réclamation ?
   Tout à fait et je suis ravi que le président de la Fédération française, Humbert Furgoni ait assisté au combat (1). On verra comment la FFB va gérer ça. Si elle ne nous donne pas satisfaction, nous irons devant l’EBU (ndlr : la fédération européenne) et devant le droit du travail car Bouziane Oudji n'a pas pu exercer normalement sa

uniquement le boxeur qui avance, sans analyser la qualité des coups portés.
   Maintenant, même si la FFB nous donne raison, ça ne suffira pas pour oublier cet arbitrage. Les dirigeants du BCO Pont, les spectateurs croient en Bouziane. C’est dur et très décevant de le voir perdre ainsi, au terme d'un combat dont le dénouement dépend d'un arbitre qui n'a rien compris à ce qu'est la vraie boxe.

Propos recueillis par Vincent Fouquet.

(1) Le 29 avril, lors du championnat de France des lourds-légers Roberge-Serrat, la décision aux points (victoire de Roberge) avait suscité des contestations. Le président Furgoni explique qu'en pareil cas, « il n'est pas possible de revenir sur la décision, sauf si une erreur matérielle, une erreur d’addition ou une rature sur un carton de juge est constatée. Cependant, la FFB va s'efforcer d'organiser un nouveau combat entre Serrat et Roberge ».

profession. Je pense que ces réserves vont aboutir et que la FFB remettra Bouziane challenger de Djibaba pour une troisième rencontre, la belle.
3) En voulez-vous à Youssouf Djibaba d’avoir boxé ainsi ?
Pas du tout. Il a combattu avec son coeur, il a tout donné. ça part d’une belle intention et c’est louable. Mais avec la manière dont le combat s’est déroulé, on n'a pas vu un beau champion.
Bouziane et moi n’en voulons pas à Djibaba, mais à l'arbitre que je qualifie d'incompétent. De plus, les trois juges ont officié comme on le faisait il y a longtemps, en récompensant