Il a seulement 28 ans, et il s'est retrouvé démuni du jour au lendemain.
Les gens ne mesurent pas ce qu'il peut éprouver ». Mohamed Oudji, président de l’ASC
boxe Française, a encore du mal à comprendre la manière avec laquelle
certains s'acharnent sur son frère, le boxeur Bouziane.
Remercié par la mairie d’Amiens durant l'été dernier, il n'occupe désormais
plus son poste éducateur sportif. Les médias ont relayé l’information, le syndicat CGT a
pris la défense de l'ancien champion de France de boxe anglaise, et son
frère aîné préfère calmer les esprits, évoquant « un malentendu », plutôt que de relancer la polémique.
« Bouziane a commencé par la boxe française, à l'âge de 6 ans, au centre social
et culturel d’Etouvie, avant de rejoindre notre club. Il a été trois fois champion de France
et une fois champion d'Europe », rappelle le président de l’ASC.
Des débuts que Bouziane n'a pas oubliés. « Mon frère est responsable
de la section des enfants, le tout à titre bénévole, tant au niveau des cours que des
déplacements. Il est aussi un exemple dans le quartier, pour les enfants du
club et pour les Amiénois en général ». Puis de craindre : « aujourd'hui
les gens ne le reconnaissent pas et on a peur que cette affaire lui nuise ».
Mohamed Oudji revient sur la manière avec laquelle son frère a été recruté
par la ville. « À l'époque, Gilles de Robien a créé ce fameux poste d’éducateur sportif pour
Bouziane. C'était un besoin pour le sport et pour notre club. Il était
responsable de deux emplois jeunes et ne se préoccupait pas uniquement de
la boxe, puisqu'il participait à d'autres activités sportives et
pédagogiques ». Le boxeur avait aussi créé des sections à Moreuil, Camon et Poulainville.
« C'est pour cette raison qu'il devait avoir beaucoup de disponibilité.
Franchement, j'ai rarement vu un professionnel de haut niveau autant se
consacrer à cette activité. Quand il est encore
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monté de niveau, il faisait la navette Amiens-Paris-Amiens, tous les jours, pour s'entraîner ».
« Sans la ville, Bouziane aurait jamais eu tous ces titres »
Pour autant, Mohamed ne s'en prend pas aux politiques. « Ils ont fait
énormément pour Bouziane, en lui créant un poste, en acceptant la mise à disposition et en
subventionnant ses déplacements pour le Championnat de France. Sans la
ville d’Amiens, Bouziane n'aurait jamais eu tous ces titres ».
Au passage, il remet les pendules à l’heure quant au poste
municipal qui, selon lui, n'était pas du luxe. « Il touchait 1000 euros pour un poste de
niveau bac + 4. Ça lui payait tout juste ses frais de déplacement à Paris. Ce poste n'était
donc pas de la mendicité ».
La présidente du club des supporters d'Oudji, Florence Catel, accepte
difficilement la tournure des événements. « Nous sommes tous prêts à signer une pétition,
à nous mobiliser. Bouziane apporte beaucoup et il manque aux enfants ». Et Mohamed
d'enchaîner : « après avoir autant donné durant des années, pris des coups
sur un ring, il a l'impression d'avoir été trahi. La ville d’Amiens l’a détruit à petit feu ».
Mardi, en début d'après-midi, le président de l’ASC a rencontré Madame
le maire, Brigitte Fouré. « Elle confirme que c'est un gros malentendu. Maintenant, on va
trouver une autre manière de dénouer tout le conflit ». Un peu plus tard
sûrement, car malgré tout le boxeur a pris un gros coup au moral.
CHRISTOPHE BERGER
L’ASC boxe française savate organise des journées portes ouvertes jusqu'à ce samedi, au
gymnase Emile - Moiroud, avenue du Languedoc. Jeudi de 18 heures à 19 h 30 pour les
enfants ; vendredi de 18 h 30 à 20 heures pour les adultes et samedi, de 14
h 30 à 17 heures.Ouvert à tous.
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